Une découverte impromptue
Le chimiste français Antoine Jérôme Balard a choisi de faire barboter du chlore gazeux (Cl2) dans une solution d’eau salée. Or, le chlore Cl2 est lui-même issu de l’eau salée par électrolyse. Donc si Cl2 réagissait avec l’eau salée, il l’aurait fait pendant le processus d’électrolyse. Et Cl2 ne devrait pas réagir avec le sel NaCl. Mais la chance était avec Balard, car au lieu de prendre de l’eau salée ordinaire, il a pris de l’eau de mer. Et il a observé que le chlore Cl2, introduit dans l’eau de mer, y produit l’apparition d’un liquide brun inédit, qu’il a appelé brome, du grec bromos, la puanteur, car ce liquide a une odeur insupportable. Balard a donc découvert que l’eau de mer contient autre chose que le sel marin NaCl, à savoir du bromure de sodium, en petites quantités certes.
Un liquide toxique
A l’état élémentaire, le brome forme un liquide brun foncé, de formule Br2, qui bout à 58°C et forme un gaz lourd. C’est le seul élément chimique non métallique liquide. Sa vapeur a une odeur désagréable, semblable à celle du chlore, et qui irrite les yeux et la gorge. Déposé sur la peau, il la traverse en y provoquant des brûlures extrêmement douloureuses. Il est soluble dans l’eau et les hydrocarbures, en formant une solution rouge.
Chimiquement parlant, le brome Br2 réagit un peu comme le chlore. Il réagit vivement avec tous les métaux (même l’or) et avec beaucoup de non-métaux, en les transformant en des bromures, qui ressemblent beaucoup aux chlorures correspondants. Ainsi le bromure de sodium NaBr est un sel blanc, de structure moléculaire cubique et soluble dans l’eau, tout à fait comme le sel de cuisine (ou chlorure de sodium NaCl).
Un sel sédatif
Si NaBr et NaCl se ressemblent physiquement et chimiquement, il n’en est pas de même au niveau biologique. NaBr, ainsi que tous les autres sels à base de brome, est un sédatif, particulièrement efficace au niveau sexuel. L’armée américaine l’aurait ajouté au sel destiné à l’alimentation des combattants pendant la guerre du Vietnam, afin de diminuer les «dégâts» dans la population féminine locale.