Le principe d’un vaccin est d’injecter dans le corps les antigènes d’un micro-organisme ou d'un virus, pour que le système immunitaire reconnaisse cet antigène et puisse développer des anticorps contre cet agent pathogène. Quand tu tombes malade, tu vas guérir quand ton corps aura pu développer une réponse immunitaire en produisant des anticorps. Selon la maladie et l'agent pathogène qui l'a provoquée, tu es ensuite, bien souvent, immunisé à long terme. Un exemple: tu as sûrement attrapé la varicelle quand tu étais enfant. C’est une maladie due à virus qui déclenche une éruption de boutons sur le corps. Une fois guéri, tu es immunisé à vie contre cette maladie, grâce aux anticorps!
L’idée du vaccin, c’est de faire exactement la même chose, mais sans tomber malade. On injecte dans le corps un morceau (ou l'entier) du micro-organisme ou virus, mais sans son pouvoir pathogène.
Alors, il suffirait d’injecter un morceau de coronavirus pour créer un vaccin contre la COVID-19 ? Dans l’idée, oui. Les laboratoires de recherche et les entreprises pharmaceutiques ont travaillé sur plusieurs moyens d’injecter les antigènes du coronavirus. Celui qui nous intéresse et qui est actuellement utilisé en Suisse est biologiquement un peu spécial. C’est la technique de Moderna et Pfizer/Bio-N-Tech qui ont produit un vaccin à ARN, issu d’une nouvelle technologie.
L'ARN messager
Le vaccin à ARNm est une prouesse biotechnologique qui utilise des dizaines d’années de recherche fondamentale.
Pour vivre, une cellule a besoin de millions de protéines, qui sont des « machines » qu’elle fabrique elle-même grâce à l’information contenue dans l’ADN stocké dans le noyau de la cellule. L'ADN est une molécule très précieuse, que la cellule essaie de protéger au maximum. Ainsi, pour donner l’information nécessaire à la fabrication d’une protéine, elle préfère envoyer une copie d’elle-même en dehors du noyau. Cette copie, c’est l’ARN messager. L’ARN messager (ou ARNm) est une copie parfaite d’un petit morceau de l’ADN qui contient toute l’information nécessaire à la fabrication d’une protéine.
Le vaccin à ARNm contre la COVID est fait de milliards de copies d’un ARN messager bien particulier : il contient l’information pour fabriquer la protéine spike du coronavirus ! Ainsi, au lieu d’injecter directement l’antigène du virus, on injecte l’ARNm, et la cellule va créer elle-même l’antigène qui va permettre au corps de fabrique des anticorps.
Mais pourquoi s’embêter à faire tout cela au lieu d’injecter directement la protéine spike du virus ? A vrai dire, on ne se sait pas vraiment pourquoi, mais ce type de vaccin semble beaucoup plus efficace pour induire une bonne réponse immunitaire. Il serait efficace à 95%, ce qui est énorme pour un vaccin ! A titre de comparaison, celui de la grippe, qui change tous les ans, est efficace de 40 à 60% suivant les années.
Reste une dernière chose : comment faire entrer l’ARNm dans les cellules au site d’injection du vaccin ? Les membranes des cellules qui les protègent de l’extérieur sont composées de lipides (les molécules composant la graisse). Les molécules d’ARNm sont donc emballées dans des lipides et peuvent grâce à cela traverser les membranes de nos cellules. Pour mieux comprendre, si tu mets de l’huile (qui est donc de la graisse) dans de l’eau, ça ne se mélange pas. On ne peut que mélanger de l’huile avec quelque chose de gras ! Pour passer les membranes des cellules, il faut donc quelque chose de « huileux ».
Efficacité et effets secondaires
Le vaccin a été testé sur une population de 43'000 personnes dont la moitié a reçu le vaccin. Les résultats montrent qu’il est efficace à 95%. C’est-à-dire que sur 100 personnes vaccinées et exposées au virus, seules 5 tomberont malades, et les 95 autres seront protégées. On ne sait cependant pas encore si ce vaccin protège de transmettre le virus aux autres… Il faudra attendre les prochaines recherches sur les personnes vaccinées pour voir cela.
Au niveau des effets secondaires, on retrouve une douleur au site d’injection disparaissant rapidement. Il a aussi été observé une fatigue chez la moitié des personnes vaccinées, des maux de têtes chez 2 personnes sur 5, des frissons et une fièvre passagère chez 1 personne sur 5. Ces effets secondaires sont normaux : ce sont les signes que le système immunitaire est en train de réagir et développe des anticorps contre la protéine spike du coronavirus.
Aucun effet secondaire grave n’a été observé sur les personnes vaccinées, hormis une réaction allergique grave chez 1 personne sur 100'000 environ. Il est donc recommandé, si on souffre d’allergies sévères, de discuter avec son médecin traitant avant de se faire vacciner.
Si on compare les risques liés au fait d'attraper la COVID-19 avec une mortalité d’environ 3%, sans compter les nombreuses séquelles, avec les risques liés au vaccin, qui sont beaucoup plus faibles, il vaut mieux se faire vacciner.
Une recherche qui a profité de beaucoup de moyens !
Lorsqu'on crée un nouveau vaccin, il faut effectuer de nombreux tests. Ils servent à vérifier que le vaccin est efficace, et aussi qu’il ne provoque pas d’effets secondaires graves, à court comme à long terme ! Et ça, cela prend des années et des années. Un nouveau vaccin est mis sur le marché après environ 10 ans. Et là, en moins d’une année, le vaccin est déjà disponible sur le marché? Comment est-ce possible ?
Étant donné la sévérité de la crise du coronavirus, d’énormes moyens ont été investis dans la recherche, et beaucoup plus de laboratoires ont cherché un vaccin. Ce qui prend du temps habituellement, c’est de trouver des milliers de personne qui seront exposées au virus pour tester le vaccin. Parce que, pour savoir si un vaccin fonctionne, on vaccine un groupe de personnes, on regarde si elles tombent malades dans les mois qui suivent, et on compare ce groupe avec un autre groupe de personnes non vaccinées. Évidemment, quand il y a une pandémie, le virus est partout, donc on peut rapidement voir si le vaccin est efficace !
Les vaccins pour contrer la pandémie
Les vaccins, utilisés à grande échelles depuis bientôt 100 ans, ont permis de réduire voire éradiquer plusieurs maladies avec de graves complications comme la variole, la poliomyélite, la rougeole, certaines méningites...Ils ont permis d'augmenter l’espérance de vie moyenne dans le monde entier. Le choix de se faire vacciner, ou non, est libre à chacun et chacune. Cependant le vaccin contre la COVID-19 est un espoir de sortir de cette pandémie.
Tu peux trouver plus d’informations sur les vaccins et les virus dans la bande dessinée « La vaccination », dans l’article « Virus : de minuscules agents pathogènes aux stratégies astucieuses » et l’article « Pourquoi y a-t-il un nouveau vaccin contre la grippe chaque année ? »
Texte : Rédaction SimplyScience.ch
Sources: Mathilde Damgé , Jonathan Parienté , William Audureau , Assma Maad et Raphaëlle Aubert, Les vaccins seront-ils obligatoires ? Peuvent-ils mettre fin à l’épidémie de Covid -19 ? Le Monde, décembre 2020; Bert Hubert, Reverse Engineering the source code of the BioNTech/Pfizer SARS-CoV-2 Vaccine, décembre 2020; Pascale Minet, Les résultats de l’essai du vaccin de Pfizer/BioNTech enfin publiés, Le Temps, décembre 2020; Site Infovac Coronavirus (COVID-19), janvier 2021.
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