Tu as déjà certainement croisé son chemin dans les forêts, il ressemble à une grosse mousse jaunâtre qui prolifère lorsque le temps est humide. Son nom scientifique est Physarum polycephalum. C’est un myxomycète apparu sur Terre il y a environ un milliard d’années. Le blob est constitué d’une cellule géante qui comporte plusieurs noyaux dont la taille peut atteindre plusieurs mètres carrés. Dans la nature, il se nourrit de bactéries et de champignons. Pour se déplacer il déploie des veines appelées pseudopodes dans lesquelles le mouvement de va et vient du cytoplasme lui fait atteindre des vitesses allant de 1 à 4 centimètres par heure.
Rien n’arrête le blob
Le blob tire son surnom du film de science-fiction The Blob (1958) dans lequel une masse gélatineuse à la croissance exponentielle colonise la planète en avalant tout sur son passage. Pas d’inquiétude, Physarum polycephalum n’est pas un envahisseur menaçant, il est absolument inoffensif. Cependant, il partage certaines propriétés avec son homonyme cinématographique. Par exemple Physarum polycephalum a une croissance exponentielle: il peut doubler de taille tous les deux jours. Par ailleurs, le blob est pratiquement immortel. Lorsque les conditions environnementales lui sont défavorables il entame un processus d’assèchement et se maintient en état de dormance sous la forme d’un sclérote. Cet état de dormance peut durer plusieurs années avant que les paramètres d’humidité et de disponibilité des nutriments soient à nouveau réunis pour que le blob reprenne sa croissance exponentielle. Le blob détient également le record dans la catégorie cicatrisation. Si on le découpe en morceaux, il se régénère en seulement deux minutes et forme plusieurs blobs clonaux.
Sans cerveau il apprend et enseigne
Cet organisme extrêmement simple et dépourvu de système nerveux est néanmoins doté de capacités d’apprentissage étonnantes. Pour l’illustrer des chercheurs ont développé une expérience dans laquelle une substance répulsive et inoffensive, la quinine, est placée entre un blob et sa source de nourriture. D’abord le blob est réticent. Puis en quelques jours il intègre qu’il est possible d’accéder à la nourriture en traversant la quinine sans se mettre en danger. Ce procédé d’apprentissage s’appelle l’habituation et c’est la première fois qu’on l’observe chez un organisme unicellulaire. Il nécessite une forme de mémoire. Le blob en effet, tire des leçons de ses expériences et adapte son comportement à son environnement. De plus, il a été démontré que les blobs ayant appris par habituation à surmonter un obstacle peuvent transmettre leurs informations à des blobs naïfs, les rendant à même de surmonter ledit obstacle sans l’avoir jamais rencontré. Le blob est aussi capable de résoudre des problèmes complexes, il sait trouver le chemin le plus court entre plusieurs sources de nourriture séparées par des obstacles. Ainsi, des chercheurs ont voulu comparer la capacité du blob à optimiser son réseau veineux avec notre capacité à optimiser des voies de communication. En plaçant un blob sur la reconstitution d’une carte de la région de Tokyo - sur laquelle chaque ville est matérialisée par un flocon d’avoine - le blob développe un réseau veineux plus efficace que le réseau de chemin de fer actuel de la région de Tokyo!