Où en es-tu maintenant ?
J'ai reçu mon diplôme de la HE-Arc en 2019 et j'aurais pu aller travailler mais j’avais encore envie d’approfondir mes compétences d’ingénieur. Maintenant, je fais une année dite « Passerelle HES » à l’EPFL pour rattraper des cours de 2e et 3e années de bachelor que je n’ai pas eus en HES parce que je faisais des projets à la place. Cet automne, si tout va bien, je commence le Master en génie mécanique.
Pourquoi as-tu choisi ces études ?
Je suis infiniment curieux. Ce qui m’intéresse, c’est d’entreprendre des projets qui ont le potentiel de bénéficier à un large panel de personnes. Après tout, l’essence de l’ingénierie « le génie humain » n’est-elle pas de se créer une vie plus belle et plus épanouissante ? J’aime à le croire, c’est ce qui m’inspire et ce que je souhaite poursuivre. Pour concevoir un produit vraiment adapté, il faut en premier être curieux, observer, chercher à comprendre les problèmes de personnes qui vivent autrement que nous. Qui souffrent peut-être, ont d’autres préoccupations ou d’autres intérêts. Ensuite imaginer, dessiner, prototyper et retourner vers ces gens pour leur demander : « C’est ça qu’il vous faut ? Attendez, et si je le change comme ça, c’est mieux ? » et faire cela jusqu’à avoir conçu quelque chose qui au final améliore le quotidien des gens. C’est un métier d’empathie, technique et de créativité, c’est beau.
Que penses-tu des cours que tu as suivis ?
J’ai rencontré des professeurs hors du commun. Le cours d’anthropotechnologie de Philippe Geslin était hyper intéressant. Jamais entendu parler de ça ? C’est la science qui étudie la façon dont les techniques (comprenez tout ce que l’humain fabrique) influencent le comportement des gens entre eux. Que se passe-t-il si je construis une usine au milieu d’une banlieue indienne, pourquoi cela a-t-il engendré une catastrophe faisant 20000 morts ? Pourquoi retrouve-t-on des piles de lave-linge aux abords des villages au Groenland ? Pourquoi est-ce que papi-mamie n’utilisent pas de smartphone et remplissent leur maison de photos de famille ? Ces situations ont une réalité commune et s’analysent de façon similaire. Dans un monde où la technologie devient une idéologie aveugle, ces compétences sont très précieuses pour comprendre les implications sociétales de la technologie.
Quelle expérience pratique as-tu pu acquérir ?
Une large part de mes études a été rythmée par des projets mandatés par des industriels. C’est l’une des spécificités des études dans une haute école spécialisée (les HES). Vous sortez diplômé avec de l’expérience quasi professionnelle. Je me souviens avoir travaillé pour une startup développant une bague intelligente, une entreprise de machines-outils et un aventurier qui souhaitait rallier le pôle nord à vélo. Nous lui avions conçu un vélo amphibie en partenariat avec l’INSA de Lyon.
J’ai aussi débuté un projet passionnant, Ouay (voir l’encadré), avec mon meilleur ami Sven Borden qui poursuit actuellement un master en robotique à l’EPFL. Le projet a démarré la veille de la rentrée académique au plus grand hackathon d’Europe, HackZurich. Cela nous a tellement intéressés que nous avons décidé de poursuivre le projet au-delà de l’événement et c’est là que notre aventure entrepreneuriale a commencé. Notre objectif était de créer un appareil à interaction vocale pour améliorer l’autonomie et la joie de vivre des personnes âgées au bénéfice de soins à domicile. Ce qui était vraiment génial, c’est que le projet collait parfaitement avec les études que j’allais entreprendre : la conception de produits centrée utilisateur.
Comment vois-tu ton avenir professionnel ?
Dans tous les cas, je souhaite travailler avec une équipe engagée et extraordinaire à la poursuite d’un meilleur futur. Parce que le progrès est la réalisation des utopies. Que je dirige Ouay ou un autre projet, ce qui m’intéresse n’est pas la finalité mais la poursuite continue de ce qui me fait plaisir, de ce en quoi je crois et ce qui m’épanouit.