SimplyScience: Pasteur, l'inventeur des vaccins ?

Pasteur, inventeur des vaccins ?

Tu as certainement déjà entendu ce nom : Louis Pasteur. Il est connu pour de nombreuses découvertes, notamment la mise au point du vaccin contre la rage.

Louis Pasteur a tout d’abord travaillé sur des maladies animales. À partir de 1877, il s’intéresse au choléra des poules. Cette maladie est provoquée par une bactérie et est mortelle pour les poules infectées. Lors de ses expériences, Pasteur injecte ces bactéries dans les poules saines. Toutes meurent. Un jour, par erreur, il injecte à des poules saines, une culture de micro-organisme du choléra des poules. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ces microbes ont été oubliés pendant toutes les vacances d’été. Les poules qui ont reçu cette injection commencent par présenter quelques symptômes de la maladie puis retrouvent leur forme. Mieux encore, elles survivent à une injection des micro-organismes du choléra, alors que c’est mortel pour les autres poules. C’est ce qu’on appelle l’atténuation de la virulence. Pasteur vient de faire sa première expérience de vaccination.

A cette époque de nombreux chercheurs, en Allemagne et en France rivalisent pour faire des découvertes dans le domaine de la médecine préventive. Se basant sur des travaux antérieurs, il trouve un vaccin efficace pour une autre maladie animale : le charbon du mouton (maladie qui peut toucher l’homme également).

Le vaccin contre la rage

Pasteur s’attaque dès 1880 à la fabrication de vaccins pour les hommes. Il s’intéresse à la rage, mais rencontre très vite une difficulté : le micro-organisme de la rage est un virus, c’est-à-dire qu’on ne peut pas le voir au microscope, car il est beaucoup trop petit. Pasteur arrive tout de même à identifier que ces virus se trouvent dans la salive et dans le système nerveux central (c’est-à-dire dans le cerveau et dans la moelle épinière). Autre problème, le virus a besoin d’un être vivant pour se multiplier. Donc, au lieu de faire une culture du virus dans une boite de Petri comme il l’avait fait jusqu’à présent, Pasteur va utiliser des lapins pour multiplier ses virus. Quatre ans après avoir commencé ses recherches sur le vaccin de la rage, Pasteur réussit à inoculer le virus à des chiens vaccinés et tous survivent ! Malheureusement, Pasteur n’est pas médecin et n’a donc pas le droit d’administrer son vaccin à un être humain.

Le 6 juillet 1885, un jeune garçon de 9 ans, Joseph, et ses parents se présentent à Pasteur. Joseph a été mordu par un chien enragé deux jours plus tôt et est condamné à une mort certaine. Pasteur s’entoure alors de collègues médecins et le docteur Grancher injecte une première fois le virus atténué à Joseph. S’en suivent plusieurs injections du virus de moins en moins atténué, jusqu’à la dernière injection où le virus est sous sa forme la plus dangereuse. Succès, Joseph est sauvé !

Quelques années plus tard, Joseph travaillera à l’institut et Pasteur lui inoculera le virus pour prouver que son vaccin était bien efficace. Pratique éthiquement discutable.

Jenner, inventeur de la vaccination ?

Edward Jenner vaccinant son jeune enfant, tenu par son épouse — Edward Jenner vaccinant son jeune enfant. Image: Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 3.0

Lorsque Pasteur travaille sur son vaccin contre le choléra des poules, il se base sur un fait : certaines maladies ne s’attrapent qu’une fois. Si on en guérit, on devient beaucoup plus résistant à une nouvelle contamination.

Cette idée est déjà en circulation dans les années 1790 et trouve écho chez le docteur Edward Jenner, né en 1749 à Berkeley en Angleterre. C’est un adepte de l’expérimentation. Au XVIII^e siècle, la variole est une maladie répandue. Plus de la moitié des gens l’attrapent, et une personne atteinte sur trois en meurt. Pour protéger les gens contre la maladie, on leur fait une variolisation. C’est-à-dire qu’on transmet la maladie à une personne saine pour qu’elle ne développe qu’une variante légère et soit immunisée par la suite. La méthode, bien qu’efficace, comporte le risque que le sujet développe tout de même une forme sévère de la variole et décède.

À l’époque de Jenner, certaines vaches sont atteintes de vaccine. Cette maladie est transmissible à l’homme (comme d’autres zoonoses), notamment lors de la traite mais n’est pas dangereuse. Jenner se rend compte que les trayeuses qui ont attrapé la vaccine ne contractent pas la variole. Il émet l’hypothèse que le pus présent dans les boutons dus à la vaccine sur les pies de vache protège les fermières de la variole.

Jenner inocule alors du pus, qu’il récupère sur les mains d’une trayeuse, à un enfant de 8 ans, James. James réagit en ayant de la fièvre, mais n’est pas gravement malade. Plus tard, Jenner inocule la variole à James (démarche impensable de nos jours), qui n’est pas malade. La vaccination (inoculer la vaccine à un patient) se révèle moins dangereuse et plus efficace que la variolisation.

Alors, James n’est-il pas le premier être humain vacciné ? Avant Joseph ?

Lady Montagu, inventrice de la variolisation ?

On peut se demander si d’autres personnes dans l’histoire ont ainsi pu éviter de contracter des maladies grâce à un traitement fait avant de tomber malade.

Restons dans des cas de variole avec Lady Mary Wortley Montagu. Née à Londres, elle épouse Sir Wortley-Montagu qui est nommé ambassadeur britannique en 1716. Elle déménage alors à Constantinople (actuelle Istanbul). Lady Montagu apprend le turc et va volontiers découvrir la ville et ses habitants. Elle a connaissance que les femmes turques protègent leurs enfants contre la variole en leur faisant des petites coupures dans les bras ou dans les jambes et en étalant sur les plaies du pus récupéré sur les personnes atteintes de variole.

En revenant en Angleterre en 1721, Lady Montagu explique cette méthode que même le roi George 1^er applique à ses enfants.

Alors, qui donc a inventé les vaccins ?

Lady Montagu a rapporté une pratique ancienne, datant en tous les cas de l’an 1000, et une connaissance acquise grâce à l’expérimentation. En Extrême-Orient (Chine, Japon, Inde) on appliquait déjà cette méthode.

Jenner quant à lui a bien inventé la vaccination, c’est-à-dire l’idée d’inoculer la vaccine pour protéger de la variole. Il l’a théorisée et expliquée. Mais c’est Pasteur qui a permis la fabrication du vaccin contre la rage en comprenant que la maladie était véhiculée par des micro-organismes qu’on pouvait affaiblir pour créer un vaccin. Cette méthode de l’atténuation de la virulence, est celle qui permettra de développer de nombreux vaccins par la suite, jusqu’à l’émergence d’une nouvelle technique au XXI^e siècle, qui utilise l’ARN messager.

Texte: Rédaction SimplyScience.ch

Sources:
Pasteur Une vie au service de la science et de l’homme. Collection : Les dossiers de l’histoire. Décrypter le passé pour mieux comprendre le présent. Édition Larousse.
Antonio Cadeddu. Pasteur et le choléra des poules: révision critique d'un récit historique. Paru en 1985 dans History and Philosophy of the Life Sciences, Vol 7, Num 1, pp 87-104. Pdf
Sur Wikipedia: Louis Pasteur, Edward Jenner, Mary Wortley Montagu
Histoire de l'institut Pasteur, troisième époque: 1877-1887
La variolisation ou les prémices de la vaccination, La Recherche, 16 mars 2020
Edward Jenner et la vaccine bovine, La Recherche, 16 mars 2020
Jean-Christophe Plot. Lady Montagu, pionnière méconnue de la vaccination. Blog de FranceTVinfo. 8 juillet 2017

Dernière modification: 21.02.2022

Créé: 01.03.2022

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Le vaccin contre la rage

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