Né le 27 décembre 1822 à Dôle, dans le Jura français, Louis Pasteur est le fils d’une jardinière et d’un tanneur. À l’école, ses notes sont médiocres. Vers 14 ans, il commencera à aimer la lecture et dévorera un grand nombre de livres sur les mathématiques, la philosophie, l’histoire ou encore les sciences. Il est également très doué en dessin, passion qu’il a en commun avec son père. Grâce à toutes ses lectures et son intérêt grandissant pour tout, Pasteur sort de l’école avec de très bonnes notes. Après quelques accrocs dans son cursus, il décrochera deux Bachelor, un en lettres et l’autre en mathématiques. Puis il réussira les examens d’entrée à l’École normale, prestigieuse université parisienne. Il s’installe alors à Paris où il assiste notamment à des conférences du grand chimiste Jean-Baptiste Dumas. Passionné, Louis Pasteur s’oriente alors en chimie.
Au départ, un écolier pas spécialement brillant
Anecdote
À 11 ans, Pasteur joue dehors avec ses copains, quand il aperçoit un homme courir en hurlant. L’homme, qui travaillait dans les vignes, s’est fait mordre par un loup atteint de la rage. Il se précipite alors chez le forgeron qui brûle la morsure. Il n’y avait pas de traitement contre la rage à l’époque. Ce vigneron succombera quelques jours plus tard à la rage qu’il avait développée.
Louis Pasteur et la chimie
Convaincu par l’enthousiasme de Pasteur, Dumas, lui donne accès à son laboratoire de chimie lorsque personne n’y travaille. Pasteur développe alors une très grande maîtrise du matériel de laboratoire et des expériences. Malgré qu’il s’intéresse bien plus aux expériences qu’à sa formation, Pasteur présentera deux thèses, l’une en physique et l’autre en chimie.
Ses travaux en chimie et en physique l’amènent à travailler à l’université de Strasbourg où la France et l’Allemagne collaborent sur les recherches scientifiques. C’est d’ailleurs à Strasbourg qu’il rencontrera sa future épouse, Marie, avec qui il aura 5 enfants.
De la recherche sur l’interaction de la lumière dans des cristaux à celle sur la fermentation
À 30 ans, Pasteur est nommé doyen de la faculté des sciences de Lille. Il prône la collaboration entre les scientifiques et les chefs d’industrie et c’est justement un certain M. Bigo qui vient lui demander son aide. Ce dernier a des problèmes avec sa fabrication d’alcool de betterave. Pasteur observe l’alcool de betterave au microscope et constate que, dans l’alcool de bonne qualité, les cellules sont bien rondes. Tandis que dans l’alcool qui a « tourné », les cellules sont allongées. Pasteur s’attaque alors au problème de la fermentation.
Ses travaux sur la fermentation
La fermentation est un phénomène encore non expliqué à l’époque de Pasteur bien que connue depuis longtemps. En effet, en Égypte ancienne, on utilisait le processus de fermentation pour fabriquer de la bière.
À l’époque de Pasteur, il y a une théorie sur la fermentation qui est défendue par de grands scientifiques et qui dit que la fermentation est un processus purement chimique. Pasteur, en propose une autre, qui va à l’encontre de celle unanimement acceptée : les fermentations sont dues à des formes de vie microscopiques.
Pasteur va montrer par une série d’expériences que chaque fermentation est provoquée par une levure particulière. De plus, on peut favoriser le développement d’une levure en agissant sur la température, l’acidité, etc. Ceci a permis notamment à des producteurs de vinaigre, de bière ou encore de vin de n’avoir que la fermentation qui les intéresse.
La grande question de la génération spontanée
La croyance que dans la nature, une forme de vie pouvait apparaître spontanément était une théorie acceptée depuis Aristote. Pasteur vient à s’intéresser à cette question encore sans réponse suite à ses travaux sur les levures. Il a montré qu’il y avait des micro-organismes (donc des êtres vivants trop petits pour qu’on les voit à l’œil nu) qui se multipliaient rapidement.
La première étape de ses recherches est de montrer que l’air qu’on respire est pleine de microbes. Pour cela, Pasteur invente un dispositif capable d’aspirer et de filtrer l’air au travers d’un coton. Quand on met les poussières qu’on a récupérée dans l’air sous le microscope, on observe une énorme quantité de microbes. Pasteur compare alors les microbes récoltés dans l’air de Paris avec ceux récoltés dans l’air des montagnes. La différence est flagrante : il y a bien moins de microbes dans l’air des montagnes.
La deuxième étape de ses recherches est de montrer que si on chauffe l’air et les instruments qu’on utilise, aucun microbe ne survit.
Ainsi Pasteur démontre que si on fait bien attention en stérilisant le matériel et l’air, aucun microbe n’est capable d’« apparaître ». Lorsqu’on découvre des microbes quelque part, c’est qu’ils se sont multipliés. Il n’y a pas de génération spontanée.
La théorie microbienne et l’asepsie
Dans un manuel de médecine de 1876, on pouvait lire « La maladie est en nous, de nous, par nous. » (voir l'article Les masques, du passé mais pas dépassé). C’est à cette conception de la maladie que Pasteur va s’attaquer. Il va démontrer que la maladie provient des poussières en suspension dans l’air et que ces poussières sont des êtres vivants. Bien qu’une grande partie du corps médical refuse les idées de Pasteur, le chirurgien Lister va créer un pansement antiseptique, abaissant grandement le taux d’infection suite à une opération chirurgicale, démontrant que les idées de Pasteur fonctionnaient.
Pour empêcher ces microbes d’infecter les patients des hôpitaux, Pasteur préconise l’asepsie. Pour cela, il demande aux médecins de se laver les mains avant d’opérer, de stériliser les instruments en les passant sur une flamme et de stériliser les tissus et les bandages en les faisant bouillir. D’autres avant lui ont essayé de modifier les pratiques médicales, par exemple Claude Pouteau et surtout Ignace Philippe Semmeleweis avec moins de succès, mais à l'époque on ne (re)connaissait pas encore la présence et l’influence de micro-organismes sur l’apparition des maladies.
La fabrication de vaccins
Pasteur découvre en 1877 qu’il peut produire une version affaiblie des micro-organismes responsables du choléra des poules. C’est ce qu’on appelle l’atténuation de la virulence. De plus, s’il les inocule à des poules saines, celles-ci survivent si elles attrapent la maladie. Il venait de créer un vaccin pour les poules. Il trouve par la suite un vaccin pour une autre maladie animale, transmissible à l’homme : le charbon du mouton. C’est ce qui l’amène, dès 1880, à chercher à fabriquer des vaccins pour les hommes. Il s’intéresse à la rage (voir notre article : Pasteur, l'inventeur des vaccins ?) et réussit à sauver d’une mort certaine un jeune garçon nommé Joseph qui avait été mordu par un chien enragé.
Cette période est très riche en découvertes et progrès en médecine. La microbiologie est une science en pleine expansion et de nombreux savants s’y intéressent, comme Robert Koch en Allemagne ou encore le Suisse Alexandre Yersin qui travaille quelques temps à l’institut Pasteur.
L’institut Pasteur
L’institut Pasteur a été fondé en 1888 avec l’aide de son proche collaborateur Emile Roux, pour vacciner un grand nombre de personnes contre la rage, puis pour travailler sur les maladies infectieuses. Des instituts Pasteur existent aujourd’hui non seulement en France mais dans de nombreux pays.
Et le lait pasteurisé ?
La technique de pasteurisation a été découverte en 1792 par Nicolas Appert, d’ailleurs on parlait d’appertisation. Elle a été employée pour conserver de la nourriture prise à bord des navires. Cependant il n’avait pas su expliquer pourquoi cela fonctionnait. Pasteur l’a brevetée en 1865 à son nom, mais ne l’a appliquée qu’à la bière. C’est au chimiste et médecin allemand Franz von Soxhlet que l’on doit les premières pasteurisations du lait environ 20 ans plus tard.
Texte: Rédaction SimplyScience.ch
Sources:
Pasteur Une vie au service de la science et de l’homme. Collection : Les dossiers de l’histoire. Décrypter le passé pour mieux comprendre le présent. Édition Larousse.
Louis Pasteur sur wikipedia; Histoire de l'institut Pasteur
Pasteur et la naissance du vaccin atténué, La Recherche, 18 mars 2020
Claude Pouteau (1725-1775), Chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Lyon : son "asepsie" au moyen de l'eau, du feu et du linge propre * par Louis FISCHER ** et Khadidja TOUIL. Dans Histoire des sciences médicales - Tome XXXII - № 1 – 1998 – pages 27-37, pdf.