En 1964, le géographe Donald R. Currey se rend dans le parc national du Grand Bassin, situé dans le Nevada aux États-Unis. Il y abat un pin de Bristlecon qui avait reçu le nom de Prometheus par des alpinistes locaux. Currey compte alors les anneaux de croissance de Prometheus et en déduit l’âge de l’arbre – 4862 ans – faisant ainsi de Prometheus l’arbre le plus vieux du monde.
La méthode utilisée par Currey pour identifier l’âge de Prometheus s’appelle la dendrochronologie. Cette technique consiste à compter les anneaux de croissance, qu’on appelle aussi des cernes, qu’on voit lorsqu’on coupe le tronc d’un arbre. En réalité, les anneaux de croissance ne nous apprennent pas uniquement depuis combien de temps l’arbre vit. On peut aussi y lire la qualité de l’air et de la terre, la température et le taux d’humidité des années passées.
Pourquoi cette méthode de compter les cernes fonctionne-t-elle ? Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord comprendre ce que sont ces anneaux de croissance. Pour cela, penchons-nous sur la vie d’un arbre.
La vie d’un arbre
Au tout début, il y a une graine, qui se retrouve au sol dans de bonnes conditions pour devenir un arbre. La graine commence par produire une racine qui va s’enfoncer dans la terre à la recherche de l’eau et des nutriments nécessaires à son développement. Puis, elle va produire une tige suivie de ses premières feuilles.
Plus le temps passe, plus notre petite plante va grandir. Sa tige va s’allonger. C’est ce qu’on appelle la croissance primaire. Toutes les plantes en font. Par exemple, les pâquerettes font de la croissance primaire quand elles grandissent. Dans le cas des arbres, arrive un moment où, en plus de la croissance primaire, la tige commence une croissance secondaire. C’est-à-dire qu’elle s’élargit.
De la tige au tronc
Pour pouvoir croître en hauteur, la tige de l’arbre ne doit pas uniquement s’élargir mais aussi devenir plus rigide. Pour cela une mince couche de cellules joue un rôle capital, il s’agit du cambium. Il produit :
- vers l’intérieur des cellules qui meurent et qui reliées entre elles forment des « tuyaux » rigides (le bois). Ces tuyaux permettent à l’eau et aux nutriments d’être transportés des racines vers les feuilles.
- vers l’extérieur d’autres cellules – vivantes – qui transportent les sucres fabriqués dans les feuilles (voir l’empire du vert) vers le reste de la plante. Les plus anciennes de ces cellules meurent également pour former l’écorce de l’arbre.
Les cellules de bois produites par le cambium n’ont pas la même taille si on est au printemps ou en été. Au printemps, les cellules sont grosses, ce qui facilite la montée de la sève aux nouvelles feuilles ou aiguilles. En fin d’été, les cellules sont petites et ont une paroi très épaisse pour donner une plus grande résistance au tronc. Et en hiver, il n’y a pas de création de nouvelles cellules.
Ainsi, on peut observer des cercles de différentes couleurs en coupant un tronc d’arbre. Chaque cercle foncé est constitué de petites cellules fabriquées en été et chaque cercle clair est composé de grosses cellules produites au printemps.
Quand on compte les cercles d’un tronc d’arbre, on compte chaque été que l’arbre a vécu. Ce qui nous permet de dire quel âge il a.