Primaire

La géométrie dans l'espace, c'est facile !

Construction d'un polyèdre à l'aide de tiges de bois et de connecteurs en plastique

Thierry Dias et Jimmy Serment en train de construire un polyèdre avec une partie du matériel pédagogique qu'ils ont développé pour faciliter l’apprentissage de la géométrie.

Qui n’a pas été intimidé par la géométrie dans l'espace ? Représenter sur le papier des objets en trois dimensions, comme des polyèdres, et visualiser les plans de symétries ou d’autres notions de géométrie, ce n’est pas évident, même pour des adultes. Alors le faire en classe avec des élèves, c’est difficile… Détrompez-vous ! Avec du matériel simple provenant d’un magasin de bricolage, et les instructions que vous trouverez à la fin de cet article, vous allez vous rendre compte que la géométrie devient plus intuitive.

Deux enseignants inspirés

Thierry Dias, enseignant à la HEP Vaud pour la didactique des mathématiques dans le cadre du Master of Arts en enseignement spécialisé, est persuadé que l’apprentissage de la géométrie devient plus facile en expérimentant. Avec Jimmy Serment, enseignant spécialisé à Pully, ils ont mis au point du matériel pédagogique facile à réaliser, qui permet d’aborder des sujets de géométrie spatiale avec des élèves de tous âges, du cycle 1 jusqu’au gymnase.

Ces deux enseignants ont présenté leur matériel pédagogique et ont remporté un le European Science Teacher Award lors de l'édition 2015 du Festival Science on Stage qui a eu lieu à Londres. Ils faisaient partie des enseignant·e·s suisses sélectionné·e·s pour participer à ce festival où 350 enseignant·e·s de 25 pays (Europe et Canada) sont venus échanger leurs idées pratiques pour la classe. Retrouvez le témoignage d'un membre de la délégation suisse dans cet article.

Un connecteur composé de trois morceaux de tubes en PVC, assemblés avec une vis et un écrou.

Un connecteur composé de trois morceaux de tubes en PVC, assemblés avec une vis et un écrou.

Des tiges de bois, des connecteurs et de la ficelle

Pour créer des polyèdres, les élèves assemblent des tiges de bois de 1 mètre de long grâce à des connecteurs (des tubes de PVC assemblés avec vis et écrous ou des pièces en plastique imprimées en 3D). « Si j’enlève quelques baguettes à un polyèdre déjà monté, reconstruire l’objet pose un problème aux élèves. Combien de faces y a-t-il par sommet, où sont les arrêtes, est-ce régulier, où sont les triangles, sont-ils tous équilatéraux ? Les élèves se posent de nombreuses questions en cours de construction », explique Thierry Dias. Pour y parvenir, les élèves doivent collaborer : chacun amène ses idées, sa compréhension et ensemble ils mettent leurs connaissances en pratique. « Et quand c’est terminé, les élèves sont satisfaits et étonnés du résultat, qu’ils trouvent beau », ajoute Jimmy Serment.

 

 

 

Polyèdre construit avec des tiges en bois et des connecteurs en PVC

Un exemple de polyèdre construit avec des tiges en bois et des connecteurs en PVC. La ficelle (verte ici) permet de tracer des figures à l'intérieur.

La ficelle permet de relier des points entre eux dans l’espace et de tracer les plans de symétrie ou d’autres polyèdres à l’intérieur de celui construit avec les tiges de bois. Grâce à cela, des sujets de géométrie complexes deviennent plus intuitifs. « Je travaille avec des élèves qui ont des difficultés d’apprentissage. Je leur ai demandé d’entrer dans le cube que j’avais construit et de me décrire ce qu’ils voyaient. Les enfants y ont inscrit un hexagone régulier et m’ont tout de suite dit : je vois que ceci est parallèle à ça, il y a un axe de symétrie ici, etc. Ils ont montré tous les axes de symétrie alors que sur le papier ils étaient incapables de tracer des parallèles ou des axes de symétrie. Et j’étais même surpris qu’ils connaissent le vocabulaire », raconte l’enseignant de Pully.

 

 

Connecteur en plastique fabriqué avec une imprimante 3D

Connecteur en plastique fabriqué avec une imprimante 3D.

Ce matériel correspond aux objectifs mentionnés dans le Plan d’Études Romand, par exemple l’aspect collaboratif ou la représentation d’objets dans l’espace. Avec les plus jeunes élèves, l’enseignant·e peut faire découvrir certaines notions par le jeu, en faisant rouler l’objet par exemple et en observant la trace laissée au sol. Au gymnase, l’enseignant·e peut traiter de sujets plus pointus, faire calculer aux élèves des volumes et des surfaces. Le matériel se prête également bien à l’étude des duos en géométrie : les polyèdres réguliers pouvant s’inscrire les uns dans les autres deux par deux.

 

 

 

Comment faire pour mettre toutes les pièces dans la boîte?

Dans le puzzle de Platon, le défi consiste à trouver comment emboîter les pièces pour les placer toutes dans le cube bleu.

Du papier plié de différentes couleurs

Emboîter des objets les uns dans les autres afin de remplir un cube peut aussi représenter un défi ludique pour appréhender la géométrie dans l’espace. Avec les élèves les plus jeunes, l’enseignant·e peut utiliser une partie de ces objets et explorer comment les pièces s’emboîtent. Avec des élèves plus âgés, il/elle peut construire ce puzzle en trois dimensions et calculer des volumes et des surfaces, mesurer des angles ou aborder des notions de trigonométrie. « Si l’élève dessine ces objets sur le papier, les angles ne sont pas droits puisque il y a une perspective. Tandis que là, il ou elle voit les angles tels qu’ils sont en réalité », relève l’enseignant spécialisé. C’est là tout l’intérêt de ces objets en trois dimensions par rapport au dessin.

 

En trois manipulations, le cube change de couleur!

En trois manipulations, le cube change de couleur !

Un autre objet fascinant à réaliser avec les élèves, c’est la double boule-cube. En trois manipulations, le cube change de couleur et passe du bleu au blanc, ou vice versa. L’enseignant·e peut faire reproduire le patron (plan à découper) de l’un des 16 éléments identiques qui constituent la double boule-cube. « Il y a plusieurs formes à reconnaître (par ex : hexagone, triangle équilatéral, carré) et les élèves doivent utiliser le théorème de Pythagore », détaille l’enseignant à la HEP Vaud.

Ah, si on avait tous et toutes appris la géométrie comme ça…

Les enseignant·e·s qui ont suivi un atelier de formation continue à la HEP Vaud sont unanimes : la géométrie devient plus intéressante et risque moins de décourager les élèves lorsqu’elle est étudiée de cette manière, en expérimentant dans l’espace « réel » plutôt que dans l’espace « virtuel » du papier. Ces objets, même s’ils ne remplacent pas l’enseignement traditionnel des notions de géométrie, peuvent néanmoins en faciliter l’apprentissage. Dans l’encadré ci-dessous, les enseignant·e·s trouveront les plans et les explications pour la réalisation des objets. Thierry Dias se tient à leur disposition pour répondre à leurs questions ou pour des compléments d’informations quant à leur utilisation en classe.

Instructions et plans à télécharger

Texte et images : Rédaction SimplyScience.ch

Dernière modification: 05.03.2025
Créé: 06.02.2020
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